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[Carnet de voyage, Japon] – Kinosaki-Onsen (6/6)

La dernière étape de mon périple, sur la côte nord du Kansai, à Kinosaki Onsen.

L’expérience du onsen

J’avais beaucoup lu à propos de ce petit bourg très authentique où tout le monde se balade en geta et en yukata, un petit panier à la main, pour aller de onsen en onsen.
Je me suis donc dit que je méritais de me relaxer à la fin de mon voyage, et c’est pour cela que j’ai choisi d’y passer 3 jours.

Kinosaki Onsen est une toute petit ville thermale qui compte 7 onsen – 7 bains publics. La particularité des onsen, si vous ne le savez pas, est qu’il est interdit de s’y baigner habillé, même avec un maillot. Les bains ne sont pas mixtes, mais la nudité peut en rebuter plus d’un (et moi la première!). Mais j’ai quand même voulu tenter l’expérience pour enfin voir et comprendre ce qui convertissait les voyageurs aussi facilement.

J’arrive à Kinosaki Onsen dans l’après-midi, après quelques heures de train depuis Kyoto. Mon JR pass régional “Kansai Wide” est super utile, je n’ai pas vraiment besoin de réserver une place, je ne peux compter que sur la chance pour avoir une place assise, mais les japonais sont disciplinés et personne ne se jette sur les sièges (hum hum les parisiens).

Sur le quai, beaucoup de personnes âgées : c’est assez logique lorsqu’on devine l’activité thermale de Kinosaki Onsen. C’est une petite ville réputée, et même si nombreux sont les voyageurs du monde entier, les locaux s’y pressent à tout moment de l’année.

Geta traditionnelles à l’entrée de la gare

Arrivée à la gare de Kinosaki Onsen, je prends le chemin de mon auberge, un petit établissement 100% féminin – Kinosaki Wakayo.
L’entrée est super mignonne et je n’ai qu’une envie : m’effondrer sur le lit. Mais l’accueil des hôtes me réveille complètement : ce sont deux soeurs toutes mignonnes, qui ne parlent pas un mot d’anglais et qui me disent “sugoi!” (génial!) à tout bout de champ. Elles tiennent l’auberge depuis quelques années et toutes les notations sont excellentes, je comprends vite pourquoi !

Après m’avoir emmené dans ma chambre, très vite elles m’habillent d’un yukata et me font un joli noeud papillon avec le obi, le ruban qui entoure la taille. Elles me donnent aussi un petit panier et m’expliquent tout pour profiter de la ville :

  • il y a 7 onsen (deux étaient en travaux), la tradition veut qu’on les fasse tous avant de quitter la ville,
  • il existe un pass pour aller dans les onsen de manière illimitée sur une journée mais ce ne sont que les visiteurs séjournant dans des ryokans qui y ont droit (bon à savoir, Kinosaki Wakayo est une auberge, et ne délivre pas ces pass). Un pass journalier coûte 10€, il s’achète dans les onsen et il faut le présenter à chaque entrée.
  • Interdiction de photographier/filmer et d’apporter son portable au bain.
  • Dans les onsen, on retrouve des produits de beauté comme du savon ou du shampooing. On peut aussi en transporter dans son petit panier si besoin. Prendre sa douche avant d’entrer dans le bain est impératif.
Comment se préparer pour le onsen ?

Qu’on soit clair : il est très dur de marcher sur des pavés avec des geta et il fait bien trop froid pour n’être vêtue que d’un yukata ! ce qui est drôle en revanche c’est de voir les rues pleines de visiteurs en yukata, chaque hôtel/ryokan ayant son propre style du yukata. Ceux de mon auberge étaient bleus et blancs, très simples, j’étais jalouse des yukata violets de certaines filles…

L’expérience du onsen est très particulière. J’appréhendais énormément, n’étant pas très à l’aise avec mon corps, comme beaucoup de femmes je pense. Mais je me suis dit, pourquoi pas, je ne connais personne ?!

A l’arrivée dans le onsen (IchinoYu), il y a deux entrées et deux circuits distincts pour hommes et femmes. Arrivée dans le vestiaire, il faut se déshabiller et mettre ses affaires dans un casier, duquel on ne garde que la clé autour de son poignet. Il ne faut pas oublier de prendre sa serviette ! Ensuite, c’est douche obligatoire, avec tout le matériel à disposition. Et c’est seulement après que l’on peut rejoindre les bains.

Tous les onsen ont des bains chauds (voire brûlants haha) mais certains ont des bains plus froids. Les bains ne se ressemblent pas d’un onsen à l’autre et c’est ce qui donne envie de tous les essayer ! Certains ont des piscines, d’autres des structures en pierre, d’autres en bois. Chaque onsen a son style. Mon onsen préféré reste Satono Yu près de la gare, où un bain chaud est aménagé sur le toit-terrasse. La fois où j’y suis allée la Lune se levait… magique !

Comment se comporter dans un onsen?

J’avoue m’être vite habituée au plaisir du onsen… et avoir totalement dépassé la peur du regard des autres sur mon corps. Concrètement : tout le monde s’en foutait de mon corps, personne ne le regardait. Et je pense que le plus beau dans tout cela c’était justement de voir toutes ces multitudes de formes, de corps, de chair – absolument rien d’homogène et à des années-lumière de cette norme qu’on nous montre dans les publicités. J’ai très vite décomplexé et franchement j’étais même pressée d’enlever mes habits en arrivant dans chaque onsen 😂

On s’habitue extrêmement vite à la douceur de Kinosaki, au plaisir que procurent ses onsen et à une certaine oisiveté. Qu’on se le dise, à part les onsen, vous pouvez : manger, faire du shopping, randonner et…c’est à peu près tout 🙂 mais c’est très agréable et mine de rien on passe beaucoup de temps dans les onsen pour rentabiliser son pass, on oublie vite la notion de temps 🙂

Kinosaki onsen, d’après une peinture murale

Activités à Kinosaki

On peut aussi passer du temps hors des onsen à Kinosaki ! Pour aller faire du shopping, certes (il y a une bien belle boutique Ghibli où passent en boucle des Miyazaki…!!), mais aussi pour se balader.

La ville est située à l’embouchure de la rivière Maruyama et abrite une réserve naturelle où l’espèce protégée est la cigogne. Elles sont nombreuses dans la région et la cigogne est le symbole de Kinosaki (avec le crabe).

Je n’y suis pas allée mais la réserve Hyogo Park est apparemment facilement accessible depuis la ville.

En revanche j’ai fait une bien belle randonnée avec une française elle aussi en voyage solo (il se trouve qu’on a des connaissances en commun!), voisine de lit 🙂

La randonnée part plus ou moins du temple Onsen-ji et permet d’atteindre le sommet du mont Daishi (230m) avec des sentiers très bien balisés et bien raides parfois. Cela dit même s’il y a beaucoup de marches, elles sont couvertes de mousse et le chemin est parsemé de petites statuettes bouddhistes. C’est très enchanteur !
Le sommet est atteint au bout d’une bonne heure et on peut observer une très belle vue sur l’embouchure de la rivière. Des faucons survolent souvent le mont, ouvrez bien les yeux !
Si vous êtes un peu fatigués, il y a toujours le téléphérique pour rejoindre le sommet 🙂

Vue du mont Daishi
Feuilles de ginko et d’érable ramassées lors de l’ascension du mont Daishi

C’était une fin de séjour mémorable, à me prélasser dans un onsen puis un autre, en ayant aucune conscience du temps qui passe. Si vous lisez ce post, je vous recommande chaudement d’y aller si vous êtes dans la région, c’est magique et les rues de ce petit village sont poétiques ! Si vous pouvez, je vous recommande évidemment l’automne pour profiter de la saison du crabe (un somen, ramen de nouilles de sarrasin, avec de la chair de crabe… miam!) et des feuilles d’érable qui rougissent doucement.

Et si je devais vous recommander un seul onsen : sans doute celui de la gare, Satono Yu, pour son bain sur le toit-terrasse et sa cascade de source chaude…

C’était la dernière étape de mon voyage un Japon. Une chose est sûre: j’y retournerai. J’irai dans tout plein de onsen et redécouvrirai ce pays de manière infinie avec un regard neuf, comme à chaque voyage. See you soon, Japan !

J.

Mes adresses à Kinosaki

Mandara Yu onsen
Rivière Ozumi
Taiyaki
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