Personal stories

Happy birthday !

Hey there,

Les articles se font de plus en plus rares par ici, non pas que je ne dessine plus (je suis beaucoup plus active sur Instagram), mais ces derniers mois ont été lourds émotionnellement – écrire un article ne m’a jamais paru aussi compliqué et aussi dur à assumer.

Je reviens donc avec un article un peu spécial en ce début du mois de septembre.

Quand j’étais plus jeune j’aimais beaucoup écrire des histoires et en raconter (surtout à ma petite soeur). J’avais même participé au Festival des Jeunes Conteurs en ayant eu une mention spéciale du jury pour mes talents d’apprentie conteuse 😉
Mais j’ai petit à petit arrêté d’en raconter ou d’en écrire avec mes études, qui me laissaient peu de temps et qui laissaient peu de place à l’imagination.

Aujourd’hui je me rends compte que les histoires me passionnent toujours autant, et celles qui sont illustrées encore plus. J’aime prendre le temps d’écouter une histoire, d’en lire, d’en regarder, d’en observer.
Raconter des histoires, c’est tout un art et un vrai défi aujourd’hui – on vit dans une société où on ne prend plus le temps d’être à l’écoute, où l’on consomme les histoires, les anecdotes et les messages (beaucoup trop) rapidement. Il faut du contenu qui va straight to the point et qui est effective: les lecteurs sont occupés, ils n’ont plus le temps, ne leur en faisons pas perdre davantage !

Je reprends ici ma plume pour prendre le contrepied de tout ça. Mes posts sont toujours un peu longs quand il ne s’agit pas de carnets de voyage. J’ai le souci du détail, surtout quand mes dessins viennent rendre mes explications plus claires.

Je vous invite donc à prendre le temps de lire l’histoire d’un Monsieur pas comme les autres qui était le seul à m’appeler Jody et qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

 

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Monsieur Dana était né un 3 septembre, dans un petit village du sud de l’Inde. Deuxième garçon d’une fratrie de 8 enfants, il avait grandi à Pondichéry, un ancien comptoir français où son père travaillait comme gardien du phare.

En grandissant, Monsieur Dana était devenu un homme beau, fort et très sûr de lui. Il avait une chevelure noire et dense, et une moustache à faire peur aux plus terribles des bandits de la ville. Il l’empruntait à Kamal, l’étoile montante du cinéma tamoul de l’époque – il fallait dire qu’elle lui allait plutôt bien !

Papa 1

Monsieur Dana avait été cependant rapidement contraint de partir loin de sa famille pour mieux l’aider à subvenir à ses besoins. Monsieur Dana devait rejoindre la France, un pays dont il parlait à peine la langue mais où il avait l’opportunité d’aller vivre une vie meilleure.
Cela allait être un long voyage et il lui fallait beaucoup de courage pour y rester, loin de ses proches.
Monsieur Dana s’était donc fait confectionner un pendentif en or, avec des crocs de renard – il le protégerait dans ses épreuves les plus dures et lui assurerait force et courage. 001

Arrivé en France, Monsieur Dana avait vite appris la langue. Il avait rejoint l’armée en Normandie pour effectuer son service militaire. Il s’était fait de nouveaux amis, une nouvelle famille, et était tombé amoureux de la gastronomie du pays.
Lui qui était hindou, avait fondu pour la viande de boeuf et le bon vin. Il aimait découvrir les spécialités de son pays d’accueil et était vite devenu partisan de la “bonne bouffe”.

Entre temps, il était également tombé amoureux d’une certaine Meena, jeune femme qui aux cheveux longs et noirs, avec qui il s’était marié à son retour en Inde et avec qui il avait entretenu un bel échange épistolaire depuis la France.

Elle l’avait ensuite rejoint en région parisienne, elle aussi contrainte de devoir quitter ses parents, ses frères et soeurs, son village.

parents

Quelques années après leur union, Monsieur et Madame Dana avaient eu trois filles. Selon la légende, les trois filles Dana étaient nées avec une chevelure noire déjà bien fournie.

La deuxième de leurs trois filles était née un jour de juin. Monsieur Dana l’avait prénommée Selvadjoothy (prononcer Selva-Jody) : selva comme la richesse et jyothi comme la flamme, en tamoul. Il était cependant le seul à l’appeler Djoothy.

Petite, elle aimait déjà bien manger et cela se ressentait lorsqu’on la portait.

002

Plus grande, cela a peu changé – elle a toujours un peu de joues, elle aime toujours bien manger, avec des repas “bien présentés”, découvrir de nouveaux plats, de nouvelles saveurs, regarder des émissions culinaires. Ces choses-là, c’est bien Monsieur Dana qui lui en a donné le goût.

Lors de ses nombreux voyages qu’elle a faits une fois étudiante, Djoothy a toujours eu en tête que la découverte des spécialités locales était la clé de l’immersion culturelle. Et comme elle n’a pas pu emmener toute sa famille dans ses bagages, elle a vite pris l’habitude de dessiner ses repas et trouvailles gastronomiques, pour les leur faire découvrir à son retour (ou par le blog).

Alors même si les voyages se font plus rares désormais et même si Monsieur Dana n’est plus à ses côtés depuis presque une année, Jody cultive toujours cette curiosité pour ce qui l’entoure et cette patience pour les observer. Elle aime aussi cuisiner et refaire les plats qu’elle a eu l’occasion de goûter lors de ses voyages, pour les faire découvrir à son entourage (elle aurait aimé faire déguster ses plats taïwanais à Monsieur Dana, il aurait adoré !).

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Jody aujourd’hui, c’est bien moi. C’est un article un peu particulier pour donner un nouveau tournant au blog : plus d’histoires, plus de choses racontées, rangées dans la nouvelle catégorie “Stories”- en somme, plus de récits liés à mon histoire personnelle.

Il me fallait prendre un temps pour parler de Monsieur Dana, même brièvement, pour pouvoir avancer sereinement sur ce blog et faire face au syndrome de la page blanche. Une autre manière d’avancer dans le deuil ? Probablement.

Mais aussi et surtout une manière d’en parler ici à mon rythme, et de reprendre doucement la rédaction d’articles, sans faire comme si rien ne s’était passé…

J’espère que vous en savez un peu plus sur moi maintenant et que cette (toute) petite histoire vous a plu 😉

J.

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6 Comments

  1. Je trouve que ton blog est vraiment spécial. Mise à part tes dessins et ton inplication dans la culture hindoue, tu t’investie aussi sérieusement à nous apporter “ta touche personnelle” avec tes histoire. Cette histoire de Monsieur Dana, je l’ai vraiment adorée. Je suis vraiment navrée pour ta perte, mais ton histoire est vraiment touchante et belle. Illustrée avec ces dessins c’est très beau. As tu pensée à faire des nouvelles ? Celle ci mérites vraiment d’être reconnue. Bises, Lavanya

    1. Merci pour ton beau message Lavanya ! Je suis touchée de voir que mes histoires et mes dessins plaisent et parlent réellement, je ne m’en rends pas forcément bien compte derrière mon écran 🙂 pour les nouvelles non je n’y avais pas pensé… j’étais plutôt partie sur des contes tamouls illustrés… affaire à suivre 😉

      1. Oui c’est vrai que derrière l’écran on est souvent livré à soi même et à cette page blanche. Mais rassure toi, tu as cette habilité de bien décrire la culture tamoule et tes histoires vécues😊
        Ahh l’un ou l’autre j’ai hâte de découvrir ton oeuvre. Bises, et Bonne année 2017 !

  2. C’est un très bel article que j’ai lu plusieurs fois et dont je ne me lasse pas car il me rappelle tellement de choses… en particulier ces joues inoubliables 😛

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